Sous-Marin Barracuda/Suffren
     
         
 

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30/05/07 : Voici, selon une source sûre, le nom que porteront les sous-marins nucléaires d’attaque de la classe Barracuda.
- Suffren
- Duguay Trouin
- Dupetit Thouars
- Duquesne
- Tourville
- De Grasse
Les noms seront attribués dans l’ordre de la mise sur cale. Ils doivent maintenant être confirmés par le ministre de la défense.
La première tôle du premier de la série, le Suffren, devrait être découpée avant l’été.
Sa mise en service devrait intervenir en 2016-2017.

19/12/2007 : Thermodyn fournira les turbines à vapeur des Barracuda Six SNA du type Barracuda doivent être construits Filiale du groupe américain General Electric, la société Thermodyn, dont l'usine est implantée au Creusot, réalisera les turbines à vapeur des SNA du type Barracuda. La construction du Suffren, tête de série de cette nouvelle génération de sous-marins nucléaires d'attaque, débutera aujourd'hui chez DCNS, à Cherbourg. Thermodyn fournira trois turbines par bâtiment, soit un total de 18 équipements pour l'ensemble de la série, qui doit comporter un total de six unités. Spécialisée dans la conception et la réalisation de turbines à vapeur et de compresseurs centrifuges, l'entreprise est un fournisseur historique de DCNS. L'équipementier a notamment livré les turbines à vapeur de la précédente classe de sous-marins nucléaires français et réalise le turbo-alternateur du système de propulsion anaérobie MESMA, développé par le groupe naval de défense pour les sous-marins conventionnels du type Agosta 90B et Scorpène. Outre le segment marine, Thermodyn est très présent, avec ses compresseurs, sur le marché du pétrole et du gaz. L'entreprise livre également des turbines pour les usines d'incinération et les centres de valorisation des déchets. Comptant 540 salariés, la société a réalisé, l'an passé, un chiffre d'affaires de 200 millions d'euros

19/12/2007 : Sous-marins Barracuda: DCNS lance la production industrielle PARIS - La production industrielle du premier des six sous-marins nucléaires d'attaque Barracuda, le Suffren, a débuté mercredi à Cherbourg avec la découpe "de la première tôle", a indiqué DCNS (ex-direction des constructions navales) dans un communiqué. Cette opération effectuée en présence de hauts responsables de la Marine nationale et de la délégation générale pour l'armement, intervient juste un an après la signature du contrat d'acquisition par la DGA, précise DCNS. Le Barracuda est un "programme majeur" visant à remplacer entre 2016 et 2027 les sous-marins du type Rubis. Il doit structurer l'activité sous-marine de DCNS pendant les 15 prochaines années. "DCNS va maintenant engager les études de définition détaillées et lancer début janvier les premières opérations de fabrication sur les composants de la chaufferie nucléaire dans son centre de Nantes-Indret", précise l'entreprise publique (Etat 75%, Thales 25%). Le programme, confié par la Délégation générale pour l'armement (DGA) et le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) en co-traitance à DCNS et à Areva-Technicatome (Areva-TA) pour la chaudière nucléaire, représente un montant total de 7,9 milliards d'euros pour le développement et la réalisation.

23/12/2007 : Interview : Amiral, quelle est, selon vous, la place du sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) dans notre stratégie de défense ?
Amiral Valin : Apanage des marines océaniques, le SNA constitue un outil polyvalent. Il est à la fois un instrument de puissance reconnu et un navire de combat redoutable. Soutien indispensable de notre dissuasion, il apporte également une contribution essentielle aux trois autres grandes fonctions stratégiques : la prévention, la projection et la protection. En tant qu’instrument de puissance, le SNA est un capital ship qui distingue les marines des grands pays dont la sphère d’influence ou les intérêts sont mondiaux. Le fait que les cinq membres permanents du conseil de sécurité des Nations-Unies en disposent n’est pas le fruit du hasard. Une telle capacité dite «clé» renforce la crédibilité de la dissuasion et permet à la France, dans la gestion des crises, d’être associée au plus haut niveau du processus décisionnel politique et militaire d’une coalition. En tant que navire de combat, le SNA permet d’exercer une pression permanente sur l’adversaire, d’autant plus forte avec le Barracuda qui apportera une contribution décisive à la maîtrise des espaces maritimes, tout en étant capable de conduire des actions sur des objectifs terrestres, et cela avec la capacité d’agir sur tous les océans du globe.

En quoi la maîtrise des espaces maritimes vous paraît-elle essentielle pour la France et quel peut être dans ce domaine l’apport du sous-marin Barracuda ?
La maîtrise des espaces maritimes a toujours été un enjeu stratégique pour la prospérité et la sécurité des nations. Il s’agit du sea control de nos amis britanniques. Dans le nouveau contexte de globalisation que nous connaissons aujourd’hui, ce constat prend une acuité particulière. Sur le plan économique, la mer est devenue le véritable réseau sanguin de la mondialisation et il n’est plus nécessaire aujourd’hui d’insister sur l’importance désormais bien connue de la sécurité de nos approvisionnements énergétiques depuis que le président de la République les a classés parmi les intérêts vitaux de la France. Par ailleurs, espace international de liberté échappant à la contrainte de souveraineté des États, la mer garantit le libre accès aux théâtres d’opérations et son domaine sous-marin constitue l’espace de manœuvre de notre composante océanique de dissuasion. Face à cet enjeu de sécurité et de défense, la maîtrise des espaces maritimes constitue donc pour la France une exigence stratégique. Or, prétendre maîtriser la mer impose de pouvoir agir sous l’eau. Grâce à la liberté de mouvement quasi totale que procure l’espace sous-marin, ce pouvoir apporte trois atouts essentiels à la réussite des opérations navales : la puissance, la discrétion et l’initiative, qualités premières du SNA. Sa mobilité, sa discrétion et les performances de son système d’armes lui confèrent une capacité hors pair de contrôle de zones maritimes très étendues. Cette capacité lui permet d’assurer la sûreté de nos sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) comme l’accompagnement et l’éclairage d’un groupe aéronaval ou d’une force interarmées projetée par voie maritime, groupe amphibie par exemple. Dans tous les cas, sa mission consiste à détecter les menaces potentielles et à les neutraliser avant qu’elles ne puissent nuire aux forces amies.

Amiral, vous nous avez évoqué plusieurs fois la polyvalence du Barracuda ; pouvez-vous préciser votre pensée ?
Outre la capacité de détruire soit un autre sous-marin, soit un bâtiment de surface dans le cadre des missions de maîtrise des espaces maritimes que je viens d’évoquer, un SNA Barracuda sera capable de traiter des objectifs à terre. Il pourra mener des opérations dites “spéciales” consistant à mettre en oeuvre des commandos, ou conduire des frappes de missiles de croisière dont la portée, de la classe 1 000 km, lui permettra d’intervenir sur la plus grande partie des zones stratégiques des différents continents. Il pourra enfin assurer des missions dites d’interdiction, qualifiées de sea denial par les stratèges anglo-saxons, à l’instar de ce qui a été fait par nos sous-marins Rubis lorsqu’ils ont interdit toute sortie des forces maritimes adverses des bouches de Kotor, en mer Adriatique, pendant le conflit du Kosovo. Cette capacité est essentielle à la sécurité de nos forces interarmées en zone littorale comme lors de leur déploiement par voies maritimes. L’ensemble de ces capacités confèrera donc au Barracuda une polyvalence qui apportera au décideur politique toute une palette de modes d’action stratégiques et militaires qu’il pourra moduler en fonction de la situation du moment.

Pourquoi le Barracuda doit-il être à propulsion nucléaire ?
Dans le monde globalisé que certains qualifient de «village planétaire», nous vivons une contraction de notre univers espace/temps. Cette évolution stratégique profonde confère à une crise qui se déroule à l’autre bout de la planète la capacité de porter immédiatement atteinte à la vie ou aux intérêts des citoyens français. Les crises du golfe Persique, la localisation des foyers du terrorisme international et l’attentat contre le pétrolier Limburg au large des côtes du Yémen nous rappellent notre vulnérabilité face à des menaces qui s’exercent fort loin du territoire métropolitain. Il convient donc d’être capable d’intervenir n’importe où dans le monde, ce qui nécessite pour nos sous-marins : mobilité, endurance et discrétion. Ces trois qualités sont justement celles où l’apport de la propulsion nucléaire est déterminant. En effet, seule la propulsion nucléaire donne à un sous-marin la mobilité suffisante pour l’accompagnement et l’éclairage d’un groupe aéronaval, voire de transport de troupes, dont la vitesse de déploiement dépasse couramment les quinze nœuds et peut aller jusqu’à une vingtaine. De telles vitesses sont insoutenables par un sous-marin à propulsion classique dont l’endurance est par ailleurs limitée par ses réserves en carburant, problème que ne connaît pas le SNA. Ces limitations sont également irrémédiables pour des déploiements autonomes à grande distance de la métropole. Enfin, si un SNA peut, en cas de nécessité, rester tapi dans les profondeurs de l’océan pendant toute la durée de sa mission, les sous-marins à propulsion conventionnelle, même les plus modernes, sont obligés, pour recharger leurs batteries, de commettre des indiscrétions en surface, qui les rendent vulnérables. Pour la France, les missions confiées à ses sous-marins d’attaque rendent donc indispensable l’adoption de la propulsion nucléaire. En outre, celle-ci renforce la cohérence organique de sa composante sous-marine. En effet cette communauté de mode de propulsion entre les SNA et les SNLE renforce la synergie en matière de soutien des équipements et de formation des équipages, permettant ainsi d’assurer la pérennité d’une capacité sous-marine océanique articulée autour d’une flotte limitée à 10 bâtiments.

Amiral, vous évoquez un nombre total de 10 sous-marins pour la France, ce qui, en retirant les quatre SNLE, porte le nombre de Barracuda à six ; pourquoi ce nombre de six ?
Le besoin de six Barracuda relève d’une Le besoin de six Barracuda relève d’une logique capacitaire et organique. logique capacitaire correspondant aux ambitions politiques et militaires que la France s’est fixées en matière de défense et qu’elle décline à travers les quatre fonctions stratégiques précitées. La France a souhaité disposer d’une force de dissuasion tout en ayant la possibilité d’intervenir dans la gestion des crises à travers le monde et de conduire des opérations particulières à terre. Les capacités correspondantes sont dimensionnées par une posture permanente et des scénarios d’engagement réactualisés au fil des différentes lois de programmation militaires en fonction de l’évolution de l’environnement stratégique. Les contrats opérationnels qui en découlent, déclinés à la fois par fonction stratégique et par théâtre, nécessitent de pouvoir disposer d’un nombre minimum de trois Barracuda simultanément en mission. Compte tenu, d’une part, des périodes d’indisponibilité opérationnelle consacrées à l’entretien des sous-marins comme à la formation et à l’entraînement de leurs équipages, et, d’autre part, des contraintes de relève sur zone pendant les missions, le nombre minimum de Barracuda qu’il est nécessaire d’acquérir est de six. D’un point de vue organique, la synergie déjà évoquée entraîne un fort couplage entre les forces de sous-marins stratégiques et les forces de sous-marins d’attaque, les équipages de SNA constituant le vivier des équipages de SNLE. Le nombre d’équipages de SNA doit donc être cohérent avec celui des équipages de SNLE pour garantir la pérennité de la Force Océanique Stratégique (FOST). Les compétences «clés» du maintien du savoir-faire portent en particulier sur la maîtrise de la navigation sous-marine et la conduite de la propulsion nucléaire. Ces compétences, directement liées à la sécurité et la sûreté, requièrent une haute technicité et imposent une gestion saine et durable du flux de personnel sous-marinier qu’il faut pouvoir sélectionner, former et qualifier au bon niveau. Ce nombre de six sous-marins correspond donc à un seuil en deçà duquel les ambitions politiques et militaires actuelles de la France devraient être revues à la baisse, tant au niveau de sa posture de dissuasion que de ses capacités de gestion de crise.

28/03/2008 :
Alors que le SNLE Le Terrible est sorti de son chantier de construction, à Cherbourg, DCNS devrait débuter dans les prochains jours l'assemblage du premier anneau du Suffren. Ce bâtiment, dont la première tôle a été découpée le 19 décembre, est la tête de série du programme Barracuda, qui porte sur la réalisation de six nouveaux sous-marins nucléaires d'attaque pour la Marine nationale. Après 120 mois de construction, le premier SNA de nouvelle génération doit être livré à en 2017. Les Barracuda doivent remplacer les Rubis, mis en service entre 1983 et 1993. Avec un rythme de production d'environ un SNA tous les deux ans, DCNS devrait avoir achevé le dernier Barracuda en 2029. Chargés d'assurer la protection des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) et des groupes aéronavals, les Suffren pourront également opérer seuls pour des missions de lutte antinavire et anti-sous-marine.
Plus grands et silencieux que leurs aînés, avec 99.5 mètres de long et plus de 5000 tonnes de déplacement en plongée, ils disposeront de nouvelles capacités en matière de renseignement et d'opérations spéciales. Enfin, les nouveaux SNA seront les premiers sous-marins français à être dotés d'un missile de croisière, le Scalp Naval, capable d'atteindre des cibles terrestres à plus de 1000 kilomètres. Ce type d'arme, qui fait cruellement défaut aux armées françaises depuis une quinzaine d'années, a été largement utilisé par les marines américaines et britanniques. D'un coût global de 7.89 milliards d'euros, Barracuda est le plus important programme de renouvellement des forces navales françaises après celui des sous-marins stratégiques (*). Côté industriel, ce programme doit assurer l'essentiel de la charge de travail des sites DCNS de Cherbourg (construction) et Nantes-Indret (propulsion), tout en procurant une importante activité aux établissements de Ruelle (tubes lance-torpilles, lignes d'arbres, systèmes de navigation), Lorient (matériaux composites) et Toulon Le Mourillon (système de combat). A noter que 10% du contrat reviendra à Areva, co-maître d'oeuvre de la chaufferie nucléaire.
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(*) Près de 25 milliards d'euros entre 1985 et 2015 pour la construction de quatre SNLE, le développement et la réalisation des nouveaux missiles balistiques M51 et leur adaptation sur les Triomphant.